vendredi 23 novembre 2012

K.O. à Tel-Aviv


     Énormes coups de coeur pour l'auteur, Asaf Hanuka, et son magnifique album, K.O. à Tel-Aviv (Steinkis, mai 2012). Je ne me lasse pas de relire ce livre tant les dessins sont un plaisir pour les yeux, alliant le réalisme du trait au côté pop des couleurs, qui détonnent dans un univers gris et difficile. Car la question que se pose le lecteur est évidente: comment accepter de rester vivre à Tel-Aviv alors que persiste le conflit israëlo-palestinien, dans ce pays constamment en guerre? Comment expliquer les attentats à son enfant, vivre avec les horreurs que l'on voit au coin de la rue, au journal télé, quand on désire inculquer des valeurs à son fils et préserver autant que possible son innocence?

     Pourtant, Tel-Aviv ne dort pas, les habitants ne se cachent pas, et cette ville moderne est connue pour sa vie culturelle. La jeunesse sort dans la rue, manifeste, et tente d'oublier ses problèmes. Avec son alter-ego, Hanuka nous dévoile les dessous de cette ville, où les problèmes d'argent et de logement créent des angoisses souvent bien plus réelles que le conflit omniprésent. Voyages, sorties en famille, découvertes des nouvelles technologies, souvenirs d'enfance... Son quotidien est une expérience enrichissante souvent triste  et mélancolique, mais rarement sans espoir. L'album suit une chronologie, mais se divise en plusieurs scènes, chacune faisant une planche, racontant un récit (9 cases) ou se résumant à une illustration. Ses trouvailles graphiques rivalisent d'ingéniosité pour nous témoigner de ses craintes et des angoisses qui le travaillent chaque jour, fascinant son lecteur avec ses chroniques intimistes, dynamiques et un brin schyzo, dans un ton drôle, décalé, mais aussi grinçant et cynique... comme la "fin alternative" de l'album.


     Hanuka a démarré ce récit autobio début 2010, chaque planche paraissant dans un journal économique israëlien, Calcalist. La suite parait sur son blog, The Realist, que je ne saurais vous recommander. Je précise pour les plus curieux d'entre vous que ses planches sont dispos aussi en hébreu. Ses dessins vous rappellent quelque chose? Asaf Hanuka a bossé pour le New York Times, Rolling Stones, Forbes, Wall Street Journal (je ne doute pas une seconde que vous lisiez ces deux derniers) et il enseigne l'illustration et la BD aux Beaux-Arts de Tel-Aviv. Avec son frère Tomer, ils ont aussi participé à la création du film Valse avec Bachir. Il ne vous reste plus qu'à suivre ces deux frères célèbres et talentueux.

2 commentaires:

  1. Le dessin semble sublime, ce livre donne envie.

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    1. Le dessin est effectivement magnifique, c'est vraiment un plaisir... Moi je ne me lasse pas de le relire d'ailleurs!

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