mercredi 28 novembre 2012

Histoires courtes

   
     Paru fin 2011 en France, dans la collection Sensei chez Kana, Histoires courtes de Naoki Urasawa est un petit pavé de 570 pages qui ravira les fans du génie. Attention, comme son nom l'indique, les 27 histoires de ce recueil font entre 8 et 30 pages, alors fanas de séries interminables, passez votre chemin, vous serez forcément frustrés!! Il s'agit de récits publiés entre 1981 et 1986, et selon les demandes d'éditeurs, ce qui résulte d'une grande diversité dans les thèmes abordés... Evidemment, la seconde contrainte est celle du nombre de pages limité pour chaque histoire, et certaines ont un goût d'inachevé... Bien que Naoki Urasawa n'approuve pas toujours la qualité de son travail de débutant, le lecteur, lui, appréciera ces courts récits où il retrouve le trait du mangaka qui s'affirme et son talent de narration.
Sens de lecture originale, de droite à gauche, évidemment!
 
     "(BETA!!)Trop classique!", sa toute première histoire, présente un étudiant en retard à un exam, mais qui effraye tout le monde par une barre noire d'anonymat qui lui cache les yeux. Passons!
     S'ensuivent sept récits d'une vingtaine de pages chacun, d'une série sur un policier particulier, qui rêve de rencontrer le succès avec son groupe de rock. Les titres sont créés selon une même base, l'action: "Singing Policeman", "Running Policeman", "Shouting Policeman", "Fighting Policeman", "Jumping Policeman", "Flying Policeman" et "Swimming Policeman"! Yamashita est un flic sympa, prêt à fermer les yeux sur une infraction si la personne lui achète un ticket de concert, dingue de nanas en toute occasion (sa mission de surveillance d'un dortoir de filles est prise très à coeur....), victime de la colère de ses supérieurs. Pourtant, chacun des succès des sept enquêtes policières résulte quasiment d'une chance inouïe et de beaucoup d'improvisation!! Très sympa à lire!


















   
     "Magie" fut réalisé en 1980, et le style est donc différent de celui des autres histoires. Le dessin est plus imprécis, mais le récit est captivant, malgré les 26 pages qui le constituent. Un homme entre dans la demeure de Mateiramu Mithra, magicien dont il a fait la rencontre par un ami, et qui va le fasciner par ses tours impressionnants. Il désire alors apprendre à faire la même chose, mais la condition est qu'il soit capable de renoncer à ses désirs... En sera t-il capable?


     "Return" a valu un prix à Urasawa, et il ravira les amateurs de fictions avec des robots... L'intrigue débute dans un pays dévasté par une guerre humains/robots, et les hommes, apparemment vainqueurs, vivent de tickets de rationnements, reconstruisent et débarrassent les villes des débris robotiques. Un jeune garçon, vivant de vols à l'étalage, voit sa vie basculer avec l'arrivée d'un robot qui a perdu toute mémoire et programmation d'anéantissement. Le jeune homme profite alors de la présence de son nouvel ami pour monter des combines, bien que cela ne se passe pas comme prévu...


     "Street Corner Gangs" suit Fujitani, qui va rencontrer un étrange groupe de rock, afin de voir si le courant passe et décider s'il va intégrer ce band comme guitariste. Les membres sont très farfelus, un brin naïfs mais ultra-motivés; bref, une chouette histoire.
     Quatre récits (plus!) courts ensuite. "Survival Lovers", un couple se retrouve dans une voiture qui manque de basculer dans un ravin. Ils cogitent pour savoir comment survivre et finissent par régler leurs comptes. Ambiance... "Scénario", deux hommes dans une voiture préparent un braquage de banque. L'un d'entre eux prend les choses à coeur car il a écrit un scénario afin d'être crédible, et fait répéter son acolyte. "Les affamés de la nuit", un scénario simple mais drôle, un plaisir de lecture; trois malades dans un hôpital prévoient un plan d'action, dont la réussite les mènera au marchand de ramens ambulant qui rôde toutes les nuits devant l'établissement. Mais les infirmières guettent et les sanctions encourues sont terribles! "Le travailleur pressé!!" flirte avec les films d'actions, sauf que le personnage fait une course contre un taxi, s'étant énervé contre le chauffeur trop lent selon lui. La chute ne m'a pas trop plu...
     "Crash Dance!!", un peu plus long, nous offre une nouvelle fois une histoire de bandits: deux braqueurs prennent en otage un représentant de commerce, qui doit les aider à semer la police à leurs trousses. Naïveté frôlant l'idiotie ou envie de sortir d'une vie monotone, l'homme va être plus utile qu'ils le prévoyaient...


     "Nasa" est en deux parties, et le personnage principal est M. Nomura, un quinquagénaire dont le rêve est de faire un voyage spatial. Après une discussion avec M. Kudô, ils décident de demander de l'aide à M. Kanda, scientifique qui serait capable de les guider pour réaliser leur rêve. Mais l'homme, en maison de retraite, se révèle être taciturne et peu désireux de les aider. M. Nomura ne se sent pourtant pas l'envie d'abandonner malgré les difficultés. Petite déception de ma part, l'histoire m'a énormément plu mais elle n'est pas terminée; Urasawa explique en fin du volume qu'une fin était prévue, pourtant. Son responsable éditorial n'étant pas enchanté par ce récit qui "met en scène des vieux". Notre imagination fera le reste.


     "Connexion après les cours" débute avec un homme alité, peut-être sur son lit de mort. Il a une volonté particulière, manger des matsutake, champignons qu'il cultive au creux de la montagne. Sa famille refuse, pensant que le vieux devient fou, puisque la récolte est mauvaise et le champignon rare. Son petit-fils, qui accompagnait le vieil homme dans la montagne, sait apparemment des choses que le reste de la famille ignore, et demande de l'aide à trois instituteurs pour l'accompagner chercher les précieux matsutake. Le père du jeune garçon l'apprend, et tente d'arrêter cette petite troupe. Cupidité, compassion... Chaque personne suit un but particulier, mais le plus intéressé n'est pas forcément celui qu'on croit!
     "Old Western Mama" commence aussi avec une personne âgée, une femme de 108 ans à qui sa famille veut faire signer un acte de démolition de sa maison. Les souvenirs de la vieille femme affluent, et chaque moment de sa vie sont révélés par différents objets, comme une photo et une arme accrochées au mur. On découvre alors le passé d'une femme forte, qui dut se battre pour survivre. La fin de l'histoire pourra vous décrocher une larme.


     "Au revoir, Mr Bunny" est une nouvelle histoire de braqueurs, sauf que le héros, bien que n'étant pas innocent, va aider deux jeunes enfants à se sortir de cette prise d'otages. Habillé d'un costume de lapin, il va profiter de la situation pour semer le désordre et tenter de fuir. Touchant.
     "Le détective de Taishô", qui se place dans une ère particulière de l'histoire du Japon (1910-1925), entre dans la tradition des récits de détective. Momoyama est intelligent, bien qu'un peu fainéant et négligé; il se voit confier une enquête sur l'enlèvement d'une fille de bonne famille. On suit donc son travail, compliqué à première vue car les obstacles sont nombreux. Son disciple, Hirai, va lui apporter son aide pour conclure cette enquête, au dénouement un peu prévisible. Rien de neuf pour les fanas de récits policiers, mais une histoire bien conduite néanmoins.
     "Mighty Boy", deux parties. Une déception; je n'ai ressenti aucun intérêt pour ce personnage de comédien d'Astrovitalman, héros de téléfilm ressemblant aux Power Rangers qu'on connait. Délaissant sa copine, perdant le sens des réalités, se conduisant comme un nigaud, c'est exactement le genre de personnage que je n'aime pas. Dans la deuxième partie, il obtient un rôle dans une série policière, mais son manque de talent ne lui permet que de jouer le tueur qui reste dans l'ombre. Intrigues dans les loges, on retrouve des stéréotypes de personnages: la jeune star, le bellâtre... Bref, la suite!
     "Rush life, Club de boxe Katsuo Iwama", enfin un sujet différent! Iwama est un homme passionné, qui cumule les boulots pour faire vivre son club. L'arrivée du jeune Takeuchi lui donne un nouveau but, il voit en lui son nouveau champion. L'histoire est narrée par un vieil homme inscrit au club, ce qui rend l'histoire bien plus intéressante et touchante.
     "Shinjuku Luluby", ovni pour moi du recueil. Kaoru, 28 ans, dessinatrice dans un journal, passe ses soirées à boire, la menant dans le lit d'inconnus. Les hommes profitant évidemment de la situation, seul M. Yoshino souhaite lui apporter son aide, lui ayant même proposé du travail lors de son arrivée à Shinjuku. Il la demande finalement en mariage, elle refuse, se complaisant dans sa vie triste et sans espoir. Elle réside dans un immeuble où vivent des prostituées et se remémore ainsi son passé difficile entre sa mère autoritaire et sa grand-mère protectrice, dans une époque où régnaient  des secrets honteux que l'enfant ignorait. Ceux-ci ont apparemment décidé de son destin...
     "Chidren Children" permet de finir le recueil avec un ton comique et très inattendu: un père de famille répond à un étrange coup de téléphone, l'inconnu lui signalant qu'il a kidnappé son enfant. Mais l'absurde de la situation est provoqué par le fait que Katsutoshi est un père de famille trèèèèèès nombreuse... Un régal!


     Histoires courtes mais chronique longue, j'espère que vous trouverez beaucoup de plaisir avec ces petits récits!!

4 commentaires:

  1. Très belle chronique pour une série d'histoires semblant parfaitement délicieuses...

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    1. Ah, merci d'avoir lu!! Long post mais je me voyais mal faire un résumé de 10 lignes sur le bouquin!

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  2. Son dessin est vraiment stéréotypé des années 80, il a bien su trouver son style parla suite et tant mieux !
    J'irai feuilleter ce pavé :)

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    1. Yep, un manga qui fleure bon les dessins des animés de ma jeunesse même. Tu me diras si t'as l'occaz

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