Doggybags

Attention, histoires pour lecteurs avertis! 

Amateurs de séries B, de comics horrifiques ricains ou de Grindhouse, réjouissez-vous, Doggybags est fait pour vous!!! Deux tomes sont déjà parus sous le label 619 chez Ankama et dispos chez vos fournisseurs habituels; le 3ème débarque le 25 octobre!

Le ton est donné avec les illustrations qui ornent les couvertures de ces albums collectifs, et les indications "Suspense, frissons et horreur" et "Violence 100% graphique" titillent notre impatience à découvrir le contenu des pages... Dirigées d'une main de maitre par Run (Mutafukaz), les histoires sont brutes, violentes et la mort est à chaque coin de page. On trouve trois récits par tome.

Dans le 1er tome, les histoires sont de Guillaume Singelin, Florent Maudoux et Run. J'ai une préférence pour la deuxième histoire, de Maudoux, "Masiko", nom de la jeune femme qui tente d'échapper à la mafia chinoise en plein coeur de Hong-Kong. Son bébé sur le dos, elle tue ses ennemis avec violence et intelligence, et prend même le temps de s'amouracher d'un providentiel allié... Mais le bonheur est évidemment de courte durée dans Doggybags, puisque le sort s'acharne sur les personnages. (On notera aussi l'habile spin-off de l'auteur avec sa série Freaks' squeele, puisque le bébé n'est autre que son héroïne Xiong Mao...) La comparaison avec des scénars de séries B est souvent juste, tant les récits sont bien ficelés et l'angoisse au rendez-vous, comme dans "Fresh flesh and hot chrome" (Singelin), narrant l'amour particulièrement psychopathe chez des loups-garous, et "Mort ou vif" (Run), où l'on assiste à la traque d'un truand par un flic à travers le désert... Ironie et destin implacable clôturent le tome...

Dans le second tome, les histoires m'ont un peu moins plu, mais la recette qui a fait le succès du 1er Doggybags n'a pas changé: horreur, hémoglobine et suspense sont au rendez-vous. Fans de fantastique, jetez-vous sur "Elwood and the 40 freak bitches", -merveille de titre-, par Ozanam et Kieran (We are the night), mettant en scène un pauvre mec tentant de déjouer l'attaque de nymphomanes de l'espace. Les actions sont rythmées par la voif-off omniprésente et le dessin oscille entre justesse et coup de maître  Un bon cru. Les deux récits suivants sont scénarisés par Run, maître des lieux. "The Border" est illustré par Singelin, qui récidive ses méfaits avec une histoire couillue parfaite: récit de deux connards à la frontière mexicaine qui expliquent à un jeune trouduc comment ils empêchent des mecs de venir prendre l'eau d'une citerne, en plein désert, en leur tirant dessus. La fin m'a fin halluciner et je me marre encore. Pour finir, "Vol express 666", qui fleure bon le huis-clos carnassier, est mis en scène par Bablet. On rit jaune quand on voit que c'est tiré d'un fait divers... Un type à l'avenir brillant, pilote dans l'aéronavale, rentre un jour chez Fedex, mais comme mécano... Peu d'évolution de carrière, mais un craquage évident, qui l'amène à trucider les deux pilotes de l'avion. Le récit est intrigant mais la construction des cases n'est pas si évidente, car elle peine un peu à rendre le voyage vers la mort aussi éprouvant qu'il aurait été souhaité, surtout avec les flash-back du tueur. On s'y retrouve néanmoins avec le flot d'hémoglobine qui couvre les pages...

On attend donc avec impatience la sortie du tome 3 dont on connait déjà les couv' et qui fleurent bon les tueries à la mexicaine...

Bonus ivres: Comme les comics horrifiques, les pages de Doggybags fourmillent de fausses pubs et affiches, de fiches infos, de consignes de sécurité, de récits, et même d'un courrier des lecteurs (hilarant d'ailleurs!).

Méga bonus ivre: un poster offert dans chaque BD.